À Paris, la Scala a inauguré une salle de 200 places dédiée à la création et à la prise de risque artistique. Un pari qui ne manque pas de sel.

Par Philibert Humm

Publié hier à 18:04, mis à jour hier à 18:20

La Piccola Scala sera dédiée à la création, à l’émergence et à la prise de risque. Alexei Vassiliev/La Scala

De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace et les théâtres seront peut-être sauvés. Tandis que la plupart des directeurs de salle de spectacle craignent le pire, Frédéric Biessy, qui dirige la Scala sur les boulevards parisiens, inaugure une nouvelle salle. Petite, certes, – moins de 200 places – mais une salle tout de même.

Nous avons fermé six mois et on a résisté. Nous n’avons plus peur

Frédéric Biessy, directeur de la Scala

La Piccola Scala, située huit mètres et quarante marches sous le niveau du sol, vient d’être livrée. Elle sent encore la peinture et l’acoustique reste à revoir. Plus préoccupant, à l’heure où nous écrivons ces lignes, nous ne savons pas si elle sera autorisée à recevoir du public. On fait dans le doute comme si de rien n’était. Les programmes ont été imprimés et distribués aux journalistes. La Piccola sera dédiée à la création, à l’émergence, à la prise de risque.

S’agit-il en la circonstance d’audace ou d’inconscience? Les deux mon capitaine, répond tout feu tout flamme Frédéric Biessy. «Avez-vous entendu parler d’un seul théâtre privé ayant déposé le bilan? Pour l’instant non, nous tenons. Grâce aux aides d’une part – il faut le reconnaître – et grâce au public d’autre part, qui répond présent pour autant qu’on le lui permette. Nous avons fermé six mois et on a résisté. Nous n’avons plus peur

Programmation musicale

Mercredi matin, boulevard de Strasbourg, ont répondu présent Jason Brokerss, stand-upper qui essuiera les plâtres de la Piccola, et quelques autres jeunes auteurs. Rodolphe Bruneau-Boulmier est là lui aussi, qui assure la programmation musicale. Les 13 de chaque mois, un ou une concertiste donnera ici un récital. Ce 13 octobre, Josquin Otal ouvrait la danse en interprétant Brahms, Ravel, Rachmaninov et Thomas Adès.

« Nous demandons aux musiciens d’incorporer à leur programme au moins un compositeur vivant. C’est la seule et unique contrainte imposée.» Dans ce petit amphithéâtre de bois, le public disposé en arc de cercle se retrouve à quelques mètres à peine du musicien. Un piano a été pour l’occasion affrété de Hambourg. «Le grand-queue de la grande salle ne convenait pas, explique Bruneau-Boulmier. Trop puissant. C’aurait été faire rouler une Ferrari sur un chemin de terre…»

Ce genre d’endroits manquait à Paris. Les spectateurs n’attendent que ça

Frédéric Biessy, directeur de la Scala

Frédéric Biessy, en ce qui le concerne, n’est pas peu fier de son chemin de terre. Comédiens, penseurs, compositeurs, humoristes, philosophes… à l’entendre, la Piccola sera le sillon où germeront les futurs grands. « Ce genre d’endroits manquait à Paris. Les spectateurs n’attendent que ça.» Il y a décidemment chez cet homme de l’espoir. Et comme dit l’autre, où il y a de l’espoir, il y a de la vie.

La Scala, 13 boulevard de Strasbourg (Paris 10e).

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