Spectacle Vivant

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25 05/2021

À La Scala de Paris, dans les coulisses d’une réouverture tant attendue | Le Figaro – 25-05-21

mardi 25 mai 2021|Catégories: Spectacle Vivant|Mots-clés: |

 

REPORTAGE – Cet ancien théâtre à l’italienne, en grande partie reconstruit entre 2016 et 2018, prépare le retour de son public avec enthousiasme et une certaine fébrilité.

Par Lou Fritel

Publié le 25-05-21

Comme une partie des théâtres, La Scala Paris prépare sa réouverture avec excitation. Devant la porte composée de panneaux réfléchissants, Frédéric Biessy, le directeur de l’institution, est enthousiaste. Le premier accueil du public est prévu pour le 7 juin, avec un enregistrement ouvert à tous les mélomanes, en partenariat avec France Musique et le Centre national de la musique.

Les restrictions sanitaires ne seront pas un obstacle pour cet ancien théâtre à l’italienne. Après le galop d’essai que fut l’été 2020, tout a été pensé pour accueillir les visiteurs dans le respect du protocole anti-Covid, qu’il s’agisse des sens de circulation à respecter ou des jauges de spectateurs à limiter. Surtout, ces quelques mois de fermeture ont permis de repenser en partie l’espace, de rénover la petite salle – dite «La Piccola» – et de réagencer les couloirs, afin de permettre un accès direct aux bureaux depuis les loges d’artistes, dont quatre nouvelles viennent d’être aménagées.

«Sur des chardons ardents»

Dans la Grande salle aux gradins rétractables – où peuvent se masser pas moins de cinq cents spectateurs -, la sérénité s’impose. La lumière bleutée, «Bleu Scala» plus précisément, imprègne chaque recoin. Imaginée par le scénographe Richard Peduzzi – avec qui Patrice Chéreau collaborait régulièrement – lors de la reconstruction du bâtiment, achevée en 2018 après dix-huit mois de travaux, cette couleur particulière a été composée à partir de dix-sept pigments différents. «Le Bleu Scala ne crée pas de frontière entre le public et la scène, contrairement au noir qui est plus agressif», détaille Frédéric Biessy, soucieux d’offrir à son public et ses artistes la meilleure expérience sensorielle possible.

Dans cette perspective, la réouverture l’enchante. Mais la déception de décembre l’empêche d’y croire absolument : «On a tellement hâte. Mais nous sommes sur des chardons ardents», prévient-il. Observant un instant le piano, qui trône au centre de la scène, le directeur fronce un sourcil : «Il faudra lui donner un coup de chiffon.»

 Si les représentations ont cessé depuis octobre, le travail, lui, n’a pas manqué. Ce fut aussi l’occasion «de se découvrir entre nous, de travailler en profondeur», de prendre le temps de nouer des liens durables au sein des équipes. Mais «cette réouverture arrive au bon moment. Six mois de plus, c’eut été infernal», estime encore Frédéric Biessy. Concernant le calendrier de reprise, les discussions avec le gouvernement ont été constantes. «Mais il ne suffit pas d’appuyer sur un bouton. Il faut au moins un mois pour rouvrir un théâtre», concède encore le directeur de La Scala, où chaque année quinze à vingt compagnies défilent.

« Les terrasses ont manqué aux gens. Je ne doute pas qu’ils reviendront également assister à des spectacles. L’énergie sera particulière »

Mitch Riley, metteur en scène

Le restaurant, situé à l’étage, offre une vue plongeante sur le boulevard de Strasbourg. Il accueillera des clients à partir du 9 juin, à raison d’une table sur deux. Le retour sur scène, lui, se fera le 11 juin avec, entre autres, Perte, mis en scène par Mitch Riley et joué par Ruthy Scetbon, seule en scène. Le spectacle, à mi-chemin entre le théâtre et le cirque, a été créé il y a un an, avant d’être interrompu par la pandémie.

Pour l’heure, le temps est aux répétions. Dans la «Piccola Scala», la comédienne s’imprègne, aux côtés de son metteur en scène: «Mitch et moi avons travaillé sur d’autres projets pendant cette période. Mais ce spectacle est le premier que nous avons monté ensemble.» Et pour cause : la jeune femme était ouvreuse, jusqu’à ce que Frédéric Biessy ne découvre son talent, peu avant le premier confinement.

Elle ne cache pas le désarroi qui fut le sien durant ces longues semaines de fermeture. «La situation était terrifiante pendant les mois d’hiver. C’en était douloureux», confie-t-elle. D’autant que le gouvernement, prudent, se gardait bien d’évoquer un quelconque calendrier de réouverture. Contrairement au directeur du Théâtre de Paris, Stéphane Hillel, qui se disait sceptique quant à un retour du public dans les salles avant septembre, Mitch Riley apparaît confiant: «On voit que les terrasses ont manqué aux gens. Je ne doute pas qu’ils reviendront également assister à des spectacles. L’énergie sera particulière, comme au cinéma au soir de la réouverture. Il y aura une attente. Les spectateurs seront heureux de retrouver les théâtres. Ce fut un manque pour notre société.» Que, tous, à la Scala, espèrent combler.

www.lefigaro.fr

2 05/2021

Arte Flamenco 2021 : place aux femmes ! | Flamencoweb 30_04_21

dimanche 2 mai 2021|Catégories: Festivals, Spectacle Vivant|Mots-clés: |

32e Festival Arte Flamenco de Mont-de-Marsan, du 29 juin au 3 juillet 2021

vendredi 30 avril 2021 par Nicolas Vilodre

Enfin, les affaires reprennent. Le festival Arte Flamenco de Mont-de-Marsan vient d’annoncer la programmation de son édition 2021, du 29 juin au 3 juillet. Il sera précédé par le quatrième festival Flamenco en Loire (du 25 au 27 juin) et suivi par le festival de Rivesaltes, qui prend ses nouveaux quartiers à Perpignan (du 9 au 14 août), puis, en automne, par celui de Toulouse – tous évènements dont nous ne manquerons pas de vous entretenir, après un probable détour par Jerez.

 

Si l’on excepte Sandrine Rabassa, la directrice artistique du Festival Arte Flamenco de Mont-de-Marsan, la soirée de lancement de sa 32e édition (qui se déroulera du 29 juin au 3 juillet 2021) a été présentée en visioconférence par des hommes : Lionel Niedzwiecki (qui l’a animée), Xavier Fortinon (président du Conseil Départemental des Landes), Charles Dayot (maire de Mont-de-Marsan et président de l’Agglomération), Renaud Lagrave (vice-président de la région Nouvelle Aquitaine) et Antoine Gariel(directeur du Théâtre de Gascogne). Antonia Emmanuelli, absente, avait su convaincre en son temps son mari Henri, président du Conseil Général des Landes dans les années 80, de créer un festival voué à l’art andalou, un peu sur le modèle de celui consacré au jazz à Marciac, qui avait rencontré un succès retentissant. Arte Flamenco avait et a toujours l’ambition de réunir « les plus grands danseurs et musiciens flamencos du monde. » Les hommes qui, aujourd’hui encore, tiennent les cordons de la bourse de cet événement qui rayonne dans l’hexagone et en dehors de ses frontières, ont été particulièrement sensibles cette année au flamenco féminin.

La nouveauté est aussi que la manifestation se déroulera en extérieur : dans les arènes du Plumaçon, gracieusement mises à disposition des organisateurs par la ville, et sur la « scène de la bodega » qui sera transposée sur la magnifique place Saint-Roch, bordée de terrasses de cafés et de restaurants qui, bonne nouvelle, seront rouverts ! La programmation a été rendue publique en même temps que l’ont été les mesures gouvernementales du déconfinement spectaculaire – dans tous les sens de ce terme. La conférence de presse a naturellement mis l’accent sur les « cinq soirées exceptionnelles » qui se tiendront dans l’amphithéâtre à ciel ouvert de Plumaçon, sur la grande scène de 18 mètres qui sera installée dans le ruedo (cf. notre agenda). Le détail des spectacles qui seront présentés ailleurs, des actions pédagogiques, cartes blanches, expressions libres, stages et animations sera communiqué en juin sur le site d’Arte flamenco. D’ores et déjà est confirmée, l’exposition « Danse Danse avec la lune », au musée Despiau-Wlérick, qui fera le lien entre les mouvements chorégraphiques et ceux des planètes.

La bailaora Rafaela Carrasco, ex-directrice artistique du Ballet Flamenco d’Andalousie, « héritière de la grande Matilde Corral », fera l’ouverture du festival, le 29 juin, avec sa dernière création, « Ariadna, al hilo del mito« . Outre Rafaela Carrasco, on y admirera à la danse Rafael RamírezGabriel MatíasRicardo Moro et Felipe Clivio ; au chant,  Antonio Campos et Miguel Ortega ; à la guitare, Jesús Torreset Juan Antonio Suárez « Cano ». Le pianiste de Triana, Pedro Ricardo Miño, dévoilera au public français le 30 juin le spectacle qu’il a donné à l’Alcazar lors de la dernière Biennale de Séville (« Universo jondo« ), en compagnie de la cantaora lebrijana Anabel Valencia, la cousine de José du même nom, du danseur El Choro, du percussionniste Paco Vega et des palmeros Manuel Valencia et Manuel Cantarote.

Le 1er juillet sera de nouveau la fête des femmes, avec Manuela Carrasco, qualifiée de « déesse de la danse », de « beauté gitane de Triana » et de « mythe vivant », qui se produira avec la chanteuse Esperanza FernándezLa Tana et Zamara Carrasco, ainsi qu’avec sa fille, elle aussi danseuse, elle aussi prénommée Manuela (« Aires de mujer« ). A été annoncé le report à l’an prochain de la création commandée par le Festival et le Théâtre à la danseuse Patricia Guerrero. Le 2 juillet, date anniversaire de la mort de Camarón de la Isla, sera l’occasion d’une soirée de « cante jondo » sobrement intitulée « Voces« , avec deux artistes ayant obtenu le giraldillo de Séville, El Pele et Pedro el Granaíno – on sait que le second excelle à appliquer de manière personnelle le style de Camarón aux compositions d’Enrique Morente, et que le premier est l’un des cantaores les plus créatifs et inspriés de la génération postérieure (donc, à ne pas manquer). On aura droit à un bonus qui, à lui seul, méritera le déplacement : une prestation du fantasque bailaor Farruquito, petit-fils de Farruco et fils de La Farruca. En clôture du festival montois, le 3 juillet, sera donnée la suite du dialogue entamé il y a deux ans à Nîmes et, espérons-le, le début d’un tout autre, intitulé « Inicio (Uno)« , entre deux solistes d’exception, la danseuse Rocío Molina et le guitariste Rafael Riqueni, capables d’envolées lyriques comme de pureté stylistique.

www.arteflamenco.landes.fr

www.flamencoweb.fr

NB : réservations en ligne ouvertes à partir du 12 mai

Nicolas Villodre

26 04/2021

Jacques Weber et Denis Podalydès: les hommes savants de Molière | Le Figaro 26_04_21

lundi 26 avril 2021|Catégories: Spectacle Vivant|Mots-clés: |

Au Théâtre de l’Atelier, à Paris, le comédien filme « Atelier Misanthrope» avec le sociétaire de la Comédie-Française. Il l’a bâti comme une série.

Par Nathalie Simon

Publié hier à 12:22, mis à jour hier à 16:36

« Tournage en cours, silence absolu, merci», indique une note fixée sur la porte vitrée du Théâtre de l’Atelier dans le 18e arrondissement de Paris. Dans l’entrée encombrée de caisses volumineuses et de câbles entrelacés, un portrait de Charles Dullin, ancien hôte du lieu, accueille le visiteur. Sur le plateau, Jacques Weber filme et répète la scène 1 de l’acte I du Misanthrope de Molière avec Denis Podalydès. « Tu fais deux passages et tu reviens», lui demande le comédien dont le haut-de-forme agrandit encore la silhouette déjà imposante.

 Le sociétaire de la Comédie-Française obéit, enfile une veste noire, pose un chapeau melon sur son crâne et croise ses mains dans le dos. «Allez, on tourne!», reprend Jacques Weber. Côté jardin, le pianiste Antoine Sahler improvise une musique digne d’un film de Charlie Chaplin. Dans les coulisses, costumière et maquilleuse, visière transparente sur le nez, s’activent. «Là, c’est une version muette. Jacques et Denis sont partis de zéro, ils ont tiré au sort le rôle d’Alceste. Il y a eu des scènes très classiques et des variations sur le thème de La Guerre du feu ou à la façon d’En attendant Godot de Beckett», explique Rémi Duhamel, le directeur de production. Une ou deux prises suffisent aux deux monstres de scène dont les yeux sont surlignés de noir pour imposer leur tandem. Quatre à cinq jours de tournage sont nécessaires pour un film de 90 minutes intitulé Atelier Misanthrope, acte I scène 1.

 « La télé n’est pas un pis-aller. Elle n’empêchera pas les gens d’aller au théâtre ». Denis Podalydès

«Mêler télévision et théâtre est passionnant. On ne sait pas si on est dans le “making off” ou la pièce, s’enthousiasme Denis Podalydès. Les rapports entre les deux n’ont jamais été aussi bons depuis la pandémie!» «J’aide Jacques à concrétiser sa vision. C’est tourné comme une série, pas comme une captation. Nous découpons scène par scène», signale Serge Khalfon, conseiller à la réalisation. «Jacques» a troqué le costume pour une chemise et un jean.

Il se dit «impressionné» par la première réplique du Misanthrope qu’il a souvent interprété: «Qu’est-ce donc qu’avez-vous?»

«Il ne faut rien censurer»

«La première scène est presque une pièce complète, estime l’acteur. Denis et moi pouvons-nous diriger l’un l’autre. Nous avons démarré dans le vide total, toutes les possibilités sont admissibles. On est entre l’expression cinématographique et l’expression théâtrale. Comme disait Jean-Claude Carrière, au départ, il ne faut rien censurer. La veille, nous étions habillés de peaux de bête…»

« Denis et moi pouvons-nous diriger l’un l’autre. Nous avons démarré dans le vide total, toutes les possibilités sont admissibles. On est entre l’expression cinématographique et l’expression théâtrale ». Jacques Weber

Pour Denis Podalydès, le misanthrope est un personnage dont tous les comédiens veulent s’emparer: «Chacun porte son Alceste ou son Philinte, dit-il. Ce sont deux amis qui sont à la fois les mêmes et différents. Ils ont besoin l’un de l’autre comme les duos comiques.» Cet «atelier» complète une série de trois films tournés par Jacques Weber au Théâtre de l’Atelier entre juillet dernier et ce mois-ci. Atelier Vania sera diffusé sur France 5 en mai, puis Atelier Cyrano. Nicolas Auboyneau, le responsable de l’unité Théâtre et musique de France Télévisions, se félicite : «Le petit écran n’est plus un emmerdeur, il collabore avec le théâtre.» «La télé n’est pas un pis-aller. Elle n’empêchera pas les gens d’aller au théâtre», conclut Denis Podalydès.

www.lefigaro.fr

19 04/2021

Jacques Weber revisite Tchekhov | L’HUMANITÉ 19_04_21

lundi 19 avril 2021|Catégories: Spectacle Vivant|Mots-clés: |

Théâtre
Audrey Bonnet et François Morel, deux des 9 comédiens qui ont investi le théâtre de l’Atelier. © Delanne Monteiro/Magnéto Prod

Audrey Bonnet et François Morel, deux des 9 comédiens qui ont investi le théâtre de l’Atelier. © Delanne Monteiro/Magnéto Prod
Lundi 19 Avril 2021
Gérald Rossi

Avec Atelier Vania, film spécialement mis en scène par Jacques Weber, l’univers de Tchekhov résonne avec justesse dans un théâtre abandonné. À voir lundi 19 avril, à 21 h 5, sur Culturebox.

ATELIER VANIA

Quand, en 1880, Anton Tchekhov écrit Oncle Vania, il situe l’action à la campagne. Dans son adaptation, fidèle au texte original, précisons-le, Jacques Weber l’installe sur le plateau, dans les coulisses et même dans la salle du Théâtre de l’Atelier, à Paris. Un lieu, parmi tous les autres, où le public n’est plus admis pour cause de pandémie. Et ce n’est pas par hasard que ce projet est né là, sur les planches.

La fermeture des théâtres avait stoppé net les représentations de Crise de nerfs, trois farces de Tchekhov mises en scène par Peter Stein, avec Weber. « Je me suis retrouvé sur une scène nue dans un théâtre vide. J’ai senti la nécessité impérieuse d’y réinsuffler la vie, retrouver la sueur des représentations »,explique le comédien, qui a proposé à France Télévisions ce projet de films. Après Vania, viendront Atelier Misanthrope et Atelier Cyrano.

Un film de la pièce

Cet Atelier Vania n’est pas une captation de la pièce, mais un film de la pièce. Qui en conserve le tempo d’une lenteur assourdissante, et l’humeur aussi amusante que désespérée. Conservant à chaque réplique sa saveur. « Il fait beau aujourd’hui », constate platement une des protagonistes, « oui beau pour se pendre », réplique l’autre. « Pourquoi sommes-nous autant amis », s’interroge un peu plus tard Vania. « Parce que nous ne sommes pas originaux, et que nous sommes terriblement ennuyeux », rétorque Éléna. Reste que chez Tchekhov, si tout s’exprime, ce n’est pas forcément avec des mots, et quand les choses sont dites, c’est le plus souvent avec une maladresse qui brise les espoirs d’une autre vie, d’un autre amour possible… dans des nuits sans sommeil et des jours sans soleil.

Pour cette aventure originale et réussie, Jacques Weber (qui incarne le docteur Mikhaïl Astrov) s’est entouré de François Morel, Stéphane Caillard, François Marthouret, Christine Murillo, Audrey Bonnet, Catherine Ferran, Marc Lesage et de Bernard Larré. Qui tous œuvrent avec talent dans cet Atelier.

www.humanite.fr 

1 04/2021

Bach réunit la danseuse Kaori Ito et le pianiste Francesco Tristano | Francetv info – 01_04_21

jeudi 1 avril 2021|Catégories: Spectacle Vivant|Mots-clés: |

 Bach réunit la danseuse Kaori Ito et le pianiste Francesco Tristano dans un spectacle-performance : en accès gratuit sur le net

Une rencontre autour de Bach, un peu par hasard, réalisée au théâtre de la Scala à Paris par la danseuse franco-japonaise Kaori Ito et le pianiste Francesco Tristano.

Article rédigé par

Bertrand Renard – franceinfo-culture

France Télévisions / Rédaction Culture

Publié le 01/04/2021 10:38Mis à jour le 01/04/2021 11:15

C’est une belle rencontre entre la danseuse franco-japonaise Kaori Ito et le pianiste Francesco Tristano Schlimé, l’une improvisant sur le jeu de l’autre. Un jeu dédié à Bach mais pas seulement… Et c’est à savourer en streaming sur le site de La Scala jusqu’au 11 avril. 

On ne saura pas exactement comment ces deux-là se sont rencontrés. Cela n’a d’ailleurs aucune importance car une vraie complicité est née entre la petite danseuse japonaise (pieds nus, robe rouge à fleurs) et le ténébreux pianiste luxembourgeois.

Improvisation et complicité 

Il y a quelques semaines, dans cette salle si particulière de Paris (ancien music-hall, puis cinéma, puis cinéma porno et désormais dévolue, rénovée, à toutes les musiques), Francesco Tristano (son nom de scène) avait enregistré les Suites anglaises de Bach (à paraître) C’est en partie sur elles mais aussi sur des passages improvisés et plus contemporains que Kaori Ito a improvisé, elle aussi, sa chorégraphie.

Improvisé ou préparé, ce sont les mystères de la création. Admettons que ce spectacle-là naisse sous nos yeux. Un piano sur scène à jardin, et c’est tout : à cour la danseuse, éclairée plus ou moins, et par des lumières très jaunes qui ressemblent à des servantes, ces lampes qui restent allumées la nuit quand les théâtres dorment (et aujourd’hui, on le sait, les théâtres sont toujours dans la nuit).

Kaori Ito et Franceso Tristano (Geoffrey Roques)

Les pleins et les déliés du corps 

Quelques notes, au début. Ou pas. Des silences. Une mise en forme. Mouvements d’élongations, jambe gauche tendue, pied gauche tordu, bras droit à l’opposé. Puis changement. Des gestes, presque de mime, qui ramènent du ciel (Ito tête levée) la lune ou un poisson d’or. Ou au contraire une corde qui monte ou descend. Tristano, T-shirt noir, porte des bracelets de force, mais ils sont en éponge…

Bach. La danse peut commencer. Elle dynamise le mouvement. L’espace s’élargit, série de pirouettes, glissades vers le bas, moments de respiration en position fœtale. Et toujours cette incroyable anatomie du pied, des pieds, quasi tordus, dont on compte chaque muscle, chaque nerf. Jambe comme appuyée sur le muscle, en une sorte de grand écart qui s’interrompt, comme si Ito allait accoucher accroupie, devant nous. Les pleins et les déliés du corps. La jupe remontée pour se donner plus d’aisance, presque impudique parfois.

Kaori Ito et Franceso Tristano jouent Bach (La Scala)

Une danse sur le dos du pianiste 

Et Ito (voilà pourquoi ce sentiment de spectacle se faisant devant nous est quand même si fort), dans un moment plus fluide, moins rythmé, cherche alors à trouver un langage différent, sans forcément y parvenir. Moments de fixité perplexe où elle se réfugie sous le piano, comme si elle se disait « Qu’est-ce que tu me fais ? »

Mais justement : jusqu’alors il y avait un pianiste d’un côté, une danseuse de l’autre. Cela crée soudain entre eux une sorte de télépathie (jouée), un dialogue, même quand l’un sort de scène et l’autre pas : « T’es où ? » Il y aura d’autres moments délicieux qui ponctueront la suite de cette (petite) heure : Kaori Ito vient se blottir derrière Tristano, sur le tabouret du piano, comme s’il la portait sur son dos en jouant (on pense à cette vieille femme de La balade de Narayama qui faisait ainsi son dernier voyage dans la neige, recroquevillée sur le dos d’un fils ) et Ito, la seconde fois où elle va derrière lui, caresse ses bracelets, lui fait des petits massages des omoplates du bout des doigts, joint les siens aux doigts de Tristano, imperturbable, contemple avec intensité une partition qui n’existe pas. Instants pleins d’humour où Bach prend tout à coup une tendresse inattendue.

Tous les styles de danse passés en revue 

Tristano enchaîne alors les improvisations contemporaines aux extraits de Bach, dont la Gavotte sautillante de la Suite n° 3, moments qu’il joue avec un grand dépouillement, sans la jubilation qu’y met Glenn Gould mais avec le sens de l’énergie légère de cette musique. Ito essaie mille choses : sur un passage plus fluide, des gestes de robot, façon voguing, sur la Gavotte une sorte de chevauchée sautillante et si gracieuse.

Elle est moins bien dans le style jazzy et ils ne réussissent pas vraiment cette fausse fin où il disparaît et où elle essaie d’appeler son fantôme dans l’ombre presque complète, « T’es où » (encore) Mais alors les lampes se rallument, violentes. Elle tourne autour de la scène en poussant de petits cris, tente une danse de cour avec humour, jupe relevée…

Et, sur une très belle improvisation qui monte en nappes puissantes (Tristano composerait sans doute de formidables musiques de films ou de scène, mais y tient-il vraiment ?) Kaori Ito nous fascine une dernière fois avec des mouvements d’oiseaux, des gestes de papillons, mais accrochée au sol, avec ce pied qui lui donne son assise, entre traditions de la danse africaines et européennes. Autre chose encore. Le Japon.

Kaori Ito (danse) et Francesco Tristano (piano), spectacle sur des musiques de Bach, Tristano et improvisations. Enregistré à La Scala, Paris, le 28 mars. En streaming sur le site de La Scala jusqu’au 11 avril

29 03/2021

Kaori Ito et Francesco Tristano dans les Suites anglaises à La Scala Paris | Resmusica 29_03_21

lundi 29 mars 2021|Catégories: Spectacle Vivant|Mots-clés: |

Le 29 mars 2021  par Delphine Goater 

Autour des Suites anglaises de Bach, une extraordinaire improvisation de la danseuse et chorégraphe Kaori Ito et du pianiste Francesco Tristano filmée en livestreaming depuis le théâtre La Scala Paris.

Francesco Tristano a renouvelé l’expérience de la séance d’enregistrement en streaming de son dernier album, On Early Music, filmée en février, en invitant la danseuse japonaise Kaori Ito à le rejoindre sur scène. Autour de l’Intégrale des six Suites Anglaises de Jean-Sébastien Bach, ils élargissent tous deux leur champ d’action sur fond d’improvisation pour un moment unique et magique.

Entre chaque Suite, Francesco Tristano transforme son instrument, alternant entre piano arrangé, percussions et improvisation de jazz. Quel que soit le style, il est brillant ! Ses poignets ultra fins sont ceints de bandeaux d’éponge noire, filmé d’au-dessus, ses mains semblent des éperviers prêts à s’envoler. Les Suites anglaises de Bach semblent comme des diamants noirs, éclairés de l’intérieur, par ces éclats musicaux venus d’ailleurs.

Kaori Ito met son style inimitable au service de Bach, et se prête, elle aussi, à l’improvisation, au fil des propositions musicales de Francesco Tristano. Jambes et pieds nus, légèrement en dedans, tout son corps se met en mouvement, depuis ses hanches qui forment pivot jusqu’aux bras désarticulés. Sa robe rouge et ses longs cheveux noirs ponctuent le spectacle d’éclairs. Espiègle et allègre, elle va jusqu’à proposer un remake de french cancan sur l’une des Suites. Sautillante ou ancrée dans le sol, elle prend possession de tout l’espace autour du piano. Enfin, comme une mère araignée, elle épouse le corps du pianiste assis à son piano, posant ses bras sur ses bras, ses épaules sur ses épaules, sa tête sur sa tête.

Gageons que pour les deux artistes, habitués du théâtre La Scala Paris, cette rencontre en augure de nombreuses autres, aussi fantastiques et fascinantes.

La Scala, Paris. 28-III-21. Kaori Ito et Francesco Tristano : Suite anglaise. Arrangements et improvisations autour de Jean-Sébastien Bach – Suite anglaise n° 1 en la majeur, BWV 806, Suite anglaise n° 2 en la mineur, BWV 807, Suite anglaise n° 3 en sol mineur, BWV 808, Suite anglaise n° 4 en fa majeur, BWV 809, Suite anglaise n° 5 en mi mineur, BWV 810, Suite anglaise n° 6 en ré mineur, BWV 811. Chorégraphie et interprétation : Kaori Ito. Piano : Francesco Tristano
Spectacle sans public diffusé sur le site et la page Facebook de La Scala Paris

28 02/2021

Mithridate Critique par Fabienne Pascaud | Télérama 03-03-21

dimanche 28 février 2021|Catégories: Spectacle Vivant|Mots-clés: |

 

Drame Auteur Jean Racine Metteur en scène Eric Vigner Acteur Stanislas Nordey ,  Jutta Weiss ,  Thomas Jolly ,  Jules Sagot , Philippe Morier-Genoud ,  Yanis Skouta

TTT On aime passionnément

 

Composée en 1672 par Racine, Mithridate fut la pièce préférée de Louis XIV et la plus représentée à sa cour. Parce qu’avec la mort du dernier grand monarque oriental — ledit Mithridate, père de Pharnace et de Xipharès, et sur le point d’épouser Monime… — s’achevait une civilisation ? Le Roi-Soleil y éprouvait-il le sentiment janséniste de la précarité des choses ? Ou au contraire l’orgueil de créer lui-même une autre civilisation ?

Le metteur en scène Éric Vigner a fait de la tragédie aux alexandrins beaux comme des prières ou des songes un crépusculaire oratorio dans un espace clair-obscur où un rideau de perles le dispute à une statue géante de Brancusi, où les comédiens en costumes de sombres lumières sont filmés par Stéphane Pinot au plus serré. La tragédie commence à l’annonce de la mort de Mithridate (Stanislas Nordey). Ses deux fils se croient alors libres de déclarer leur passion à Monime, (Jutta Johanna Weiss), cette future belle-mère qui depuis toujours aime Xipharès (Thomas Jolly). Mais voilà que revient Mithridate, qui découvre la duplicité de ses rejetons et décide de s’en venger…

Admirablement dirigé par Vigner, le trio Nordey-Jolly-Weiss entame une valse désespérante sur la vanité de l’amour, du pouvoir, de la filiation. Revenu des morts et bientôt prêt au suicide, Mithridate pèse peu à peu le poids du vide et du mensonge, dans un univers où chaque mot est trahison. Huis clos ténébreux, la tragédie réalisée dans un climat à la lenteur hiératique est un absolu moment de noire désillusion. Rarement elle aura trouvé si sublimes interprètes, éblouissants de grandeur et de mortelle perdition.

Au sommaire

Mithridate, conquérant malheureux, met son cœur et sa gloire aux pieds de sa maîtresse, Monime. Mais celle-ci s’est éprise de Xipharès, le second fils de Mithridate. Elle exige qu’il s’éloigne. Mais Mithridate souhaite par-dessus tout être aimé. Après avoir voulu empoisonner ses fils et assassiner son aimée, il finit par se raviser et par permettre aux deux amants de se retrouver…

16 02/2021

Francesco Tristano, seul en salle à la Scala | Libération 11-02-21

mardi 16 février 2021|Catégories: Spectacle Vivant|Mots-clés: |

Musique

Rencontre avec le pianiste aux idées longues, qui enregistre son prochain album accompagné de son seul ingé son dans une Scala Paris désertée. Le quasi-quadra sera en concert en streaming samedi soir. 

par Guillaume Tion

publié le 11 février 2021 à 20h18

Des clémentines, des amandes, du café et trois radiateurs. Un exemplaire de l’Infinie comédie de David Foster Wallace posé sur le sol et des partitions de Frescobaldi sur le piano Yamaha à la caisse striée par des fils de micro. Une grande salle vide à disposition pour la semaine et un ingénieur du son compagnon de route de longue date. Voilà le contexte de l’enregistrement du prochain album de Francesco Tristano. Titre provisoire : On Early Music«J’aurais voulu Early Music, mais il y a aussi des morceaux contemporains», sourit-il. Ses morceaux. Comme s’il ne pouvait s’empêcher de laisser ses impressions de voyage à travers les genres et les siècles parcourir le disque. Depuis une vingtaine d’années, le pianiste né au Luxembourg et résidant à Barcelone coche toutes les cases. Interprète plébiscité qui s’associe à de grands orchestres internationaux pour des ouvrages du répertoire classique. Compositeur diplômé de la Juilliard School qui accumule les disques. Vigie tournée vers le passé avec les deux mains plantées dans la musique électronique, comme une évidence pour celui qui considère que les sons synthétiques ou l’imperturbabilité d’un beat font partie de la construction culturelle des musiciens, classiques ou non. Mais aujourd’hui, la roue tourne pour l’élégant quasi-quadra : «C’était le moment pour moi de revenir aux fondamentaux. Du pur piano.»

De fait, pas d’invité pour ce disque, pas de fantaisie non plus. Mais un programme panaché, passé-présent, qui intercale cinq de ses nouvelles œuvres entre celles de compositeurs baroques, de John Bull à Girolamo Frescobaldi ou Orlando Gibbons. Tristano voit un lien évident entre les œuvres baroques et la musique contemporaine : «Dans le rythme, presque groove, par le caractère dansant des pièces, mais aussi par une certaine liberté harmonique née de l’approche modale», analyse-t-il en joignant ses deux mains comme pour appuyer sa pensée. Et Tristano de rappeler ensuite des points communs entre Frescobaldi et Boulez, dans leur manière d’inciter les interprètes à s’emparer pleinement de leur œuvre, rejouer ou sauter certains passages, sans respecter un format rigide. Pour lui, toute interprétation baroque, même sur instrument d’époque, tombe de toute façon à côté : «Nous n’avons pas dans l’oreille et dans la culture l’importance que les auditeurs et les compositeurs apportaient à une chaconne ou une bourrée.»Libre à lui alors de s’informer pour s’en approcher au plus près, ou au contraire de transformer certaines pièces. Puis il s’assied au piano et livre une toccata de Frescobaldi, sans crescendo ni usage de la pédale, qui sera enregistrée d’un seul tenant, s’interrogeant avec l’ingé son sur la façon de sortir de certaines trilles – les partitions baroques, non annotées, permettant précisément cette liberté à l’interprète.

Grappe de pièces électroniques gonflées de pulpe nipponne

Sur scène ce jour-là, il enregistre aussi une toccata qu’il a composée. Etonnant d’entendre un de ses morceaux filer à vive allure, notamment lors d’une partie dont l’esprit est tourné vers la fugue mais dont le son s’implante dans un staccato machinique qui joue à cache-cache avec un click. D’ordinaire, les morceaux composés par Tristano étirent des ambiances lentes, où l’introspection de l’auditeur et de l’artiste insomniaque peuvent dialoguer tranquillement et se promener dans des décors de toutes matières. «Gould disait que la lenteur apporte la profondeur. Je suis d’accord, mais en partie, car le rythme est important.» Pendant l’enregistrement ardu de cette pièce, Tristano reprend sa partition, ajoute des altérations, réécrit au crayon sur les pages au milieu d’une jungle de huit micros. Liberté encore de retoucher son propre travail.

Il est à la Scala comme chez lui. Le piano de concert sur lequel il travaille, c’est d’ailleurs lui qui l’a choisi, avec Bertrand Chamayou, à Hambourg, avant l’ouverture de la salle, en 2016. Les propriétaires, Mélanie et Frédéric Biessy, chouchoutent leur artiste et Tristano le leur rend bien. L’an dernier, il a joué à la Scala sa seule date parisienne des Tokyo Stories, grappe de pièces électroniques gonflées de pulpe nipponne, sur fond d’installation vidéo. Aujourd’hui, la Scala confinée est aussi associée à ce nouvel album : Tristano y présente ce samedi un concert où il interprétera pièces baroques et certains de ses nouveaux titres. Enregistré dans l’après-midi à huis clos, il sera diffusé à 20h30 sur le site de la salle. Le pianiste retournera ensuite à son immersion du moment, les Suites anglaises de Bach, impatient de retrouver des salles rouvertes et du public, peut-être au Japon. «Je pense qu’on en a pour cinq ans avant un retour à la normale», conclut-il, fataliste.

Francesco Tristano en concert, sur le site de la Scala, ce samedi à 20h30.

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23 01/2021

Pouchkine 2.0 | les Inrockuptibles 20_01_2021

samedi 23 janvier 2021|Catégories: Spectacle Vivant|

 

Un spectacle musical pour ado signé Justine Heynemann, jolie surprise tonique et inventive.

Avec une bonne paire d’œillères – permettant de faire abstraction de l’absence criante de spectateur·trices dans la salle –, on pourrait (presque) oublier que le théâtre Carré Belle-Feuille, à Boulogne, est fermé au public jusqu’à nouvel ordre. A 14 heures, quand les six jeunes comédien·nes et musicien·nes de la compagnie Soy investissent la scène devant une poignée de programmateur·trices et critiques pour jouer Songe à la douceur, tout est là : le travail, l’énergie et le plaisir. C’est un spectacle musical, d’après le roman éponyme de Clémentine Beauvais, paru en 2016, qui est lui-même une adaptation contemporaine d’Eugène Onéguine d’Alexandre Pouchkine. On suit, pendant un peu plus d’une heure, les tribulations d’Eugène et Tatiana, deux amoureux·euses qui se rencontreront trop jeunes et se retrouveront trop tard. Balisé par les codes prévisibles de la comédie romantique, ce récit à destination des ados est néanmoins sublimé par la langue de l’autrice, laquelle joue délicatement avec les modes de communication actuels – échanges de textos fiévreux, conversations endiablées sur Skype. Porté par la mise en scène tonique et inventive de Justine Heynemann, l’ensemble est dénué de temps morts. Un petit bémol tout de même : la musique, entre chanson française et électro-pop, n’est pas toujours tout à fait au point (quelques problèmes de justesse de voix, chez les garçons notamment). Une question de rodage, sûrement. En attendant le retour du public, on peut se permettre d’être plus perfectionniste que jamais !

Igor Hansen-Løve

Songe à la douceur d’après Clémentine Beauvais, mise en scène Justine Heynemann, avec Elisa Ruschke, Benjamin Siksou, Thomas Gendronneau, Manika Auxire…

Scènes

 

18 01/2021

KOLIK | NEW YORK TIMES 14_01_2021

lundi 18 janvier 2021|Catégories: Spectacle Vivant|Mots-clés: |

Behind Closed Doors, Paris Theaters Carry On

Rather than let finished productions go to waste in the locked-down city, exasperated artists are continuing with closed performances for others in the industry. If everyone’s “working,” it’s technically still allowed.

Antoine Mathieu in “Kolik,” directed by Alain Françon, at Théâtre 14. Credit:Ina Seghezzi

PARIS — Call it the French spirit of resistance — or contrariness. Officially, theaters here are shut, because of a new wave of coronavirus infections. Unofficially, there are still shows going ahead, behind closed doors.

Last weekend, for example, a “clandestine” performance of Shakespeare’s “King Lear” was held at a Paris theater — although the cameras of a popular talk show “C à vous,” were there, too. The socially distanced audience was described as “regulars of the venue,” and an unmasked man told a journalist from the show that he was attending to protest the “gradual erosion of the freedom to live.”

The unnamed, albeit easily recognizable, director of the theater later defended the rule breach onscreen. “If a society forgets that theater is absolutely necessary, it is dead,” he said.

The wisdom of flaunting illicit activities on TV aside, the case of “King Lear” speaks to a growing exasperation among local theater artists. While French theaters were luckier than most in 2020, with months of performances between two lockdowns, they have been in limbo since the second one began in November. The government initially announced that theaters would reopen on Dec. 15, but it changed course when a target of bringing new virus cases to fewer than 5,000 a day was missed. A review was scheduled for Jan. 7, then scrapped as the infection rate continued to climb. The industry now awaits the government’s next move, scheduled to be announced Wednesday.

 The stop-start nature of these decisions means that productions that were nearly ready for the stage faced last-minute cancellations. But rather than let them go to waste, a number of theaters have opted for a more legal solution than “King Lear” did. Private daytime performances are now being held for professionals, mostly programmers and journalists. Since going to work is still allowed if a job can’t be done from home, these closed showings don’t technically break any rules.
No theater aficionado would pass up the chance to return to a darkened auditorium, but in the event, it felt a little like opening gifts on your own, with no one to share in the excitement of the moment. Comedy suffered the most. While the French actor Bertrand Bossard performed his heart out at the Espace Cardin, the current residence of the Théâtre de la Ville, his one-man show “Incredibly Incroyable 2.0” relies on the kind of playful audience interaction that professional observers aren’t best placed to provide.

Despite its billing as “the antidote to Brexit,” “Incredibly Incroyable 2.0” is mainly a revival of a tribute to British stand-up that Bossard first performed in 1998. A short video introduction nodded to the present by casting Bossard as a depressed comedian who believes he is responsible for Britain’s decision to leave the European Union, but recent events barely featured in the show itself.

When they did, the lighthearted tone felt a little out of step with the reality of 2021. In a scene about Donald Trump, performed the afternoon after the storming of the United States Capitol, Bossard himself admitted: “He’s too fast for me. There’s a new episode every day.”

“Incredibly Incroyable 2.0” makes much of the fact that Bossard performs in English for a French audience, and a larger sample of viewers is probably needed for some of the jokes to land. Still, the brilliance of his physical impressions of some characters — a group of Russian thugs, especially — required no translation.

In “Kolik,” written by the German author Rainald Goetz, the sole character is portrayed by Mathieu as an alcoholic.Credit: Ina Seghezzi

One-man and one-woman shows have been in high demand since coronavirus regulations made it difficult for large casts to work together, and a closed premiere at the Théâtre 14 took the form in a radical direction. “Kolik,” a monologue by the German author Rainald Goetz, is a bleak, often obscure journey into the mind of a man nearing death.

In Alain Françon’s production, the main character is portrayed as an alcoholic, who slowly downs a bottle over the course of the play. The role demands a tour de force from the actor, and Antoine Mathieu delivered, veering between existential despondency and bravado.

Alone onstage with a chair, he modulated Goetz’s fragmented, minimalist text into quasi-musical phrases, his inflections varying slightly with each of the many repetitions. In any other circumstances, it would be a career-defining performance — but even extraordinary acting may not get the recognition it deserves, with touring dates canceled for the foreseeable future.

In that context, the competition prize for the Impatience Festival, a prestigious platform and competition for emerging directors, seems all the more valuable this year. Organizers opted to hold the event’s 12th edition at any cost, and while the customary audience prizes will have to wait, a jury of professionals led by the actress Rachida Brakni will offer the best production an opportunity to tour France once restrictions are lifted.

 The first weekend of the festival, held at the Théâtre de Chelles, in a suburb of Paris, was marred by the cancellation of Carole Umulinga Karemera’s “Murs-Murs,” as the director was unable to travel from Rwanda. Magrit Coulon’s “Home,” an accomplished work of documentary theater, managed to make the trip from Belgium, however. Coulon, who graduated from a theater program there in 2019, spent time with the residents of a retirement home in Brussels, and asked three young actors to embody some of them.

Onstage, with no aging makeup or special costumes, they recreated the weakened muscles and trembling hands that come with old age, as well as the slow, monotonous pace of life in some homes. Certain scenes leave realism behind in the second half of the show, as when the cast starts lip-syncing to audio recordings of residents; Coulon holds back instead of embracing the sense of absurdity that surfaces then, but hers is already a distinctive voice.

“Home” and another closed performance, Didier Ruiz’s “What Should Men Be Told?” (“Que faut-il dire aux hommes?”) at the MC93 theater, drew a sizable invited audience. “Home” had no fewer than 70 people in attendance, in an auditorium that can seat up to 230. Social distancing was easy to maintain, but there has been little clarity on the capacity limit. If workplace regulations apply, then the minimum space requirement is four square meters per person, about 40 square feet. Yet some venues have appeared to assume that as long as half the seats are empty, that’s fine.

 Of the productions currently hidden away, “What Should Men Be Told?” is the one that deserves to be seen widely, as a matter of urgency. Ruiz, who has worked mainly with nonprofessionals for two decades, enlisted seven men and women of faith for this new work. Quite a few systems of beliefs are represented, from Islam and Catholicism to shamanism, and the cast members take turns sharing how spirituality has shaped their lives.

Faith rarely comes up in french theater these days, and “What Should Men Be Told?” feels both fresh and unpreachy. Each participant takes the long view, thoughtfully, calmly: Hearing a Dominican friar reflect on four decades spent in a small cell has a way of putting short-term issues in perspective.

In endlessly frustrating times, crafting a theatrical experience that is simply soothing may already be an act of resistance. If only audiences could see it.