Un homme et une femme, déjà bien alcoolisés, rentrent chez eux au milieu de la nuit.

A l’irritabilité de l’une et à la déférence sarcastique de l’autre, on sait sans le moindre doute qu’ils sont mariés depuis longtemps.

Ils sont comme les deux pôles d’un engin explosif que la moindre étincelle peut faire exploser.

Cette étincelle se produira avec l’arrivée d’un jeune couple, Nick et Honey, que Martha et George vont manipuler avec sadisme et prendre à témoin de leur interminable et violente scène de ménage.

Qui a peur de Virginia Woolf ?, célèbre pièce d’Edward Albee, écrite en 1962, montée à Broadway, a été immortalisée au cinéma par le couple Taylor-Burton mis en scène par Mike Nichols en 1966.

A l’époque, la crudité du langage et l’incroyable cruauté de cet affrontement conjugal, situé dans une petite université, au cœur d’une Amérique puritaine, avaient sidéré la critique.

Cinquante ans plus tard, le texte d’Albee a-t-il résisté à l’épreuve du temps ?

En tout cas il fascine encore les grands comédiens, comme Dominique Valadié et Wladimir Yordanoff qui ont convaincu Alain Françon de les mettre en scène.

Daniel Loayza en a réalisé une nouvelle traduction, prenant en compte des corrections effectuées par l’auteur en 2005. Sur la scène du Théâtre de l’Oeuvre, Valadié et Yordanoff sont incroyables de force et d’intelligence. Face à eux, Julia Faure et Pierre-François Garel réussissent l’exploit d’exister mieux que bien.

Dans un décor minimaliste de Jacques Gabel et la belle lumière de Joël Hourbeigt, ses habituels complices, Alain Françon a déshabillé la pièce d’Albee de tout réalisme pour mieux laisser la place au texte et au jeu des acteurs.

Dans un mois il sera à la Comédie Française avec La Mer de son cher Edward Bond.

Et ce soir Alain Françon est l’invité de l’Humeur Vagabonde.