Théâtre de l’Atelier

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9 09/2022

Les Enfants de Lucy Kirkwood au Théâtre de l’Atelier- France inter 09-09-22

vendredi 9 septembre 2022|Catégories: Spectacle Vivant|Mots-clés: |

Les Enfants de Lucy Kirkwood au Théâtre de l’Atelier du 20 septembre au 27 novembre

Par Valérie Guédot

Publié le vendredi 9 septembre 2022 à 11h13

Sous le couvert de la comédie, se pose la question de la responsabilité des adultes face à l’avenir de leurs enfants.

Résumé : Un couple d’ingénieurs nucléaires à la retraite vit quelque part au bord de la mer près d’une centrale nucléaire qui vient d’être touchée par un tsunami (on pense bien entendu à la catastrophe de Fukushima). Une collègue ingénieur qui a participé elle aussi à la construction des grandes centrales scientifiques de la terre – un amour de jeunesse que l’on n’a pas vu depuis trente ans – arrive un soir d’été pour leur faire une proposition étonnante.

Cette pièce qui se joue à partir du 20 septembre au Théâtre de l’Atelier, a un humour noir dans la lignée de ce théâtre anglais si particulier qui allie à la fois la culture du trio du boulevard et les questions idéologiques et politiques dans l’espace intime. Elle interroge la responsabilité de cette génération des années 70 qui a cru au progrès, à l’atome et à l’amour libre.

Éric Vigner, metteur en scène et scénariste de la pièce, nous livre ses intentions :

« Les Enfants est une pièce de Lucy Kirkwood créée à Londres au Royal Court en 2017. C’est la première fois qu’elle sera jouée en France et c’est toujours émouvant de pouvoir faire découvrir au public français une nouvelle écriture contemporaine, en l’occurrence celle d’une jeune femme, (Lucy Kirkwood), née en 1984 qui est aussi scénariste en prise avec notre réalité planétaire.

Cette comédie à l’humour noir et très acéré s’inscrit dans la lignée d’une longue tradition réaliste dans le théâtre britannique. Il traite des réalités sociales et politiques du présent le plus souvent dans l’espace intime avec une forme de distanciation qui évoque notre théâtre de l’absurde.

Dans cette histoire une femme arrive un soir dans un no where au bord de la mer dont on comprend assez vite qu’il se trouve à proximité d’une centrale atomique qui a subi une catastrophe identique à celle de Fukushima. Que vient-t-elle faire et pourquoi reprend-elle contact avec ce couple d’ingénieurs nucléaires dont elle fut leur collègue après si longtemps ? Est-ce l’amour de jeunesse pour l’homme qui la conduit jusqu’ici ? A travers cette histoire, qui se révèle en pointillé au fur et à mesure que l’on avance dans la pièce, se dessine le portrait d’une génération et d’une culture, celle des années 70 qui a cru à l’amour libre et au progrès nucléaire.

Kirkwood pose la question de ce qui reste, de ce qui resterait après l’apocalypse et de ce que l’on pourrait faire face au constat d’une civilisation qui croyait au progrès et qui voit son échec. La solution qu’elle propose est une initiative individuelle singulière, concrète et inédite qui donne beaucoup à réfléchir sur ce que c’est de vivre, d’être humain au milieu des humains et de considérer son action individuelle au regard de celle des autres.

Est-ce que l’amour au bout du compte ne pourrait pas être l’énergie sur laquelle l’on pourrait s’appuyer pour, peut-être, consoler à défaut de pouvoir réparer avant de reconstruire ?

Chez Kirkwood, les enfants sont absents, on en parle à travers l’évocation de Lauren la fille aînée du couple, comme une enfant malade et rebelle, ou par la présence d’un tricycle que l’on a retrouvé sous la boue qui a tout recouvert après la vague du tsunami qui a endommagé la centrale. Les Enfants c’est aussi ce qui reste de l’enfance, la nôtre, celle de nos parents et de leurs enfants après eux.

Face à cette écriture nouvelle, il fallait une distribution exceptionnelle, un trio qui contribue par son expérience de vie et d’acteur à l’éclairer de ses talents. Cécile Brune, Frédéric Pierrot et Dominique Valadié porteront haut le message de Lucy Kirkwood. »

►►► Distribution

  • Les enfants de Lucy Kirkwood
  • Mise en scène et scénographie d’Eric Vigner
  • Traduction Louise Bartlett
  • Avec : Cécile Brune : Hazel // Frédéric Pierrot : Robin // Dominique Valadié : Rose

La pièce Les Enfants a été créée au Royal Court à Londres en 2017 puis à Broadway. C’est la première fois qu’elle sera jouée à Paris.

 

7 01/2022

 » Zaï Zaï Zaï Zaï  » : l’humour joyeusement absurde de Fabcaro à écouter… sur scène | Marianne 04_01_22

vendredi 7 janvier 2022|Catégories: Spectacle Vivant|Mots-clés: |

Maïa Sandoz, meilleure amie d’enfance et metteuse en scène de Blanche Gardin pour son spectacle « Je parle toute seule », fait ici le pari d’une adaptation sonore.

On est allé voir Par Julien Vallet – Publié le 04/01/2022 à 20:00

La comédienne Maïa Sandoz signe une adaptation sonore originale et très drôle de la non moins comique bande dessinée de Fabcaro, portrait acide de notre société du spectacle abordé sous le prisme de l’absurde.

Un jour, à la caisse, Fabrice, un auteur de bande dessinée, sorte de double de l’auteur Fabcaro, découvre par hasard – terrible crime ! – qu’il a oublié sa carte de fidélité du magasin. Menacé par un vigile qui lui hurle de lâcher le poireau qu’il tient à la main avant d’effectuer une périlleuse roulade arrière, il préfère prendre la fuite. Devenu un fugitif en cavale, traqué par toutes les polices de France, Fabrice se réfugie en Lozère, où personne ne comprend le français local, pour y retrouver par hasard son amour de jeunesse, laquelle s’égaye dans une vie bourgeoise, dans sa villa à 200 000 euros dotée d’une cheminée en pierre de taille dont elle est très fière.

Pendant ce temps, le petit monde des commentateurs médiatiques s’écharpe : y a-t-il une radicalisation dans la communauté des auteurs de bande dessinée ? Surtout, pas d’amalgame ! Rattrapé par la brigade, Fabrice sera finalement condamné à chanter « Siffler sur la colline » de Joe Dassin – et son refrain « Zaï Zaï Zaï Zaï » qui donne son titre à l’œuvre – en karaoké. Ouf ! Il a échappé à « Mon fils, ma bataille » de Daniel Balavoine – beaucoup plus ardue.

Vous trouvez ça complètement absurde et barré ? Nous aussi ! C’est précisément ce qui fait la marque de l’humour joyeusement décalé et déjanté de Fabcaro et de « Zaï Zaï Zaï Zaï » sa bande dessinée la plus fameuse, qui lui a apporté une notoriété soudaine à sa sortie en 2015, dont il s’est lui-même moqué par la suite dans ses albums suivants. On s’était déjà dit à la lecture que cette histoire aurait donné lieu à un super film. Une adaptation sur grand écran doit d’ailleurs sortir en février prochain. Mais au lieu d’une adaptation théâtrale classique un peu casse-gueule, très difficile à reproduire tant les rebondissements sont nombreux, Maïa Sandoz, meilleure amie d’enfance et metteuse en scène de Blanche Gardin pour son spectacle « Je parle toute seule », fait ici le pari d’une adaptation sonore.

RÉALISTE ET DÉJANTÉ

Sept comédiens derrière leurs micros, dans la grande tradition des dramatiques radiophoniques, imitent tour à tour tous les personnages et surtout « bruitent » les transitions et les ambiances, comme une messe ou un trajet en voiture. Un enregistrement radio ? demanderez-vous peut-être en levant le sourcil, sceptiques. N’ayez pas peur, ne prenez surtout pas la fuite (contrairement à Fabrice) ! Car il existe bien des façons de consommer et d’apprécier du théâtre et celle-ci n’en est qu’une parmi d’autres. Et surtout, car la langue de Fabcaro, son univers aussi durement réaliste que totalement déjanté, s’écoute plus qu’elle ne se voit.

Et en plus, ça fonctionne ! Grâce au talent des comédiens, capables d’incarner trois personnages distincts en une minute et de générer toute sorte de bruitages, le spectateur ne s’ennuie pas un instant. En à peine une heure, tout y passe, tout y est joyeusement parodié et massacré : les reporters des chaînes infos et leurs enquêtes de voisinage absurdes, les journalistes façon Augustin Trapenard qui posent des questions absconses et interminables, les débats entre hommes politiques où tout est question de posture, les grenouilles de bénitier complotistes… Sans oublier l’automobiliste qui déclare le plus sereinement du monde à notre héros-fugitif : « Je ne vais pas vous prendre, je suis individualiste. »

Même le narcissisme et l’attentisme de la propre corporation de l’auteur, les auteurs de bande dessinée, s’y retrouvent étrillés avec délectation. Voici en somme une satire du cirque médiatique et notre société du spectacle contemporaine, un portrait acide de la France d’aujourd’hui où toutes les idoles de la modernité sont piétinées avec allégresse grâce à cet humour ravageur devenu la marque de fabrique de Fabcaro. Si les performances des comédiens sont parfois inégales, certains maîtrisant mieux l’imitation que d’autres, le spectateur ressort conquis et rasséréné de cette petite heure d’enregistrement, avec le secret désir que d’autres metteurs en scène investissent à leur tour ce format du théâtre sonore.

« Zaï Zaï Zaï Zaï », Théâtre de l’Atelier (Paris 18e), à 19 h, 1 h, Jusqu’au 23 janvier.

www.marianne.net

13 12/2021

Zaï zaï zaï zaï | Le Figaro 13-12- 21

lundi 13 décembre 2021|Catégories: Spectacle Vivant|Mots-clés: |

Zaï zaï zaï zaï, une farce en demi-teinte sur la scène, après la BD et le film

Par Nathalie Simon

 

Le dispositif est original. Debout devant un micro, les acteurs racontent cette «fiction radiophonique et visuelle». François Goize

Maïa Sandoz a transposé sur scène la bande dessinée de Fabcaro. Un spectacle pas très léger qui s’appuie sur de bons comédiens.

«C’est une farce tragicomique, rien n’est sérieux», dit en substance l’un des personnages du spectacle Zaï zaï zaï zaï. On est rassuré, on s’est demandé si c’était normal de ne pas rire tout le long du spectacle. Publiée en 2015 (éditions 6 Pieds sous terre) et plusieurs fois récompensée, la bande dessinée de Fabrice Caro dit Fabcaro a été transposée au cinéma par François Desagnat (sortie en février prochain) et sur scène par Maïa Sandoz dans une mise en scène de Paul Moulin.

Le dispositif est original. Debout devant un micro, les acteurs racontent cette «fiction radiophonique et visuelle». Côté cour, assis à une table, deux autres, Élisa Bourreau et Christophe Danvin, sont chargés des bruitages. L’histoire commence sur les chapeaux de roues. Fabrice, un auteur de bande dessinée comprend qu’il a oublié sa carte de fidélité au moment où il doit payer ses courses. La caissière en perd ses mots, un vigile tente d’arrêter le «criminel» qui s’enfuit. Fabcaro raconte sa cavale et les médias qui s’emparent de ce qui devient une affaire d’État.

Absurde à souhait

Objectif ? Dénoncer les dysfonctionnements de la société. Le public est tout ouïe et a les yeux grands ouverts. C’est absurde à souhait, déjanté, amusant parfois, mais également assourdissant. À certains moments, on est tenté de se boucher les oreilles. En revanche, la distribution est sans failles et permet aux comédiens qui se produisent en alternance de montrer l’étendue de leur savoir-faire. Depuis la création du spectacle en 2018, plusieurs actrices comme Blanche Gardin,  dont Maïa Sandoz a dirigé les trois stand-up, et Adèle Haenel se sont succédé. «Nous souhaitons exacerber la tension de jeu, la concentration, l’engagement des comédiens, et traduire ainsi, avec légèreté, l’humour deZaï Zaï Zaï Zaï», indique Paul Moulin en note d’intention. Légèreté n’est pas le bon mot, mais on ne doute pas de l’engagement des interprètes.

Théâtre de l’Atelier 75018 Paris, jusqu’au 23 janvier. Location : 01 46 06 49 24 ou sur le site du théâtre.

www.lefigaro.fr 

26 04/2021

Jacques Weber et Denis Podalydès: les hommes savants de Molière | Le Figaro 26_04_21

lundi 26 avril 2021|Catégories: Spectacle Vivant|Mots-clés: |

Au Théâtre de l’Atelier, à Paris, le comédien filme « Atelier Misanthrope» avec le sociétaire de la Comédie-Française. Il l’a bâti comme une série.

Par Nathalie Simon

Publié hier à 12:22, mis à jour hier à 16:36

« Tournage en cours, silence absolu, merci», indique une note fixée sur la porte vitrée du Théâtre de l’Atelier dans le 18e arrondissement de Paris. Dans l’entrée encombrée de caisses volumineuses et de câbles entrelacés, un portrait de Charles Dullin, ancien hôte du lieu, accueille le visiteur. Sur le plateau, Jacques Weber filme et répète la scène 1 de l’acte I du Misanthrope de Molière avec Denis Podalydès. « Tu fais deux passages et tu reviens», lui demande le comédien dont le haut-de-forme agrandit encore la silhouette déjà imposante.

 Le sociétaire de la Comédie-Française obéit, enfile une veste noire, pose un chapeau melon sur son crâne et croise ses mains dans le dos. «Allez, on tourne!», reprend Jacques Weber. Côté jardin, le pianiste Antoine Sahler improvise une musique digne d’un film de Charlie Chaplin. Dans les coulisses, costumière et maquilleuse, visière transparente sur le nez, s’activent. «Là, c’est une version muette. Jacques et Denis sont partis de zéro, ils ont tiré au sort le rôle d’Alceste. Il y a eu des scènes très classiques et des variations sur le thème de La Guerre du feu ou à la façon d’En attendant Godot de Beckett», explique Rémi Duhamel, le directeur de production. Une ou deux prises suffisent aux deux monstres de scène dont les yeux sont surlignés de noir pour imposer leur tandem. Quatre à cinq jours de tournage sont nécessaires pour un film de 90 minutes intitulé Atelier Misanthrope, acte I scène 1.

 « La télé n’est pas un pis-aller. Elle n’empêchera pas les gens d’aller au théâtre ». Denis Podalydès

«Mêler télévision et théâtre est passionnant. On ne sait pas si on est dans le “making off” ou la pièce, s’enthousiasme Denis Podalydès. Les rapports entre les deux n’ont jamais été aussi bons depuis la pandémie!» «J’aide Jacques à concrétiser sa vision. C’est tourné comme une série, pas comme une captation. Nous découpons scène par scène», signale Serge Khalfon, conseiller à la réalisation. «Jacques» a troqué le costume pour une chemise et un jean.

Il se dit «impressionné» par la première réplique du Misanthrope qu’il a souvent interprété: «Qu’est-ce donc qu’avez-vous?»

«Il ne faut rien censurer»

«La première scène est presque une pièce complète, estime l’acteur. Denis et moi pouvons-nous diriger l’un l’autre. Nous avons démarré dans le vide total, toutes les possibilités sont admissibles. On est entre l’expression cinématographique et l’expression théâtrale. Comme disait Jean-Claude Carrière, au départ, il ne faut rien censurer. La veille, nous étions habillés de peaux de bête…»

« Denis et moi pouvons-nous diriger l’un l’autre. Nous avons démarré dans le vide total, toutes les possibilités sont admissibles. On est entre l’expression cinématographique et l’expression théâtrale ». Jacques Weber

Pour Denis Podalydès, le misanthrope est un personnage dont tous les comédiens veulent s’emparer: «Chacun porte son Alceste ou son Philinte, dit-il. Ce sont deux amis qui sont à la fois les mêmes et différents. Ils ont besoin l’un de l’autre comme les duos comiques.» Cet «atelier» complète une série de trois films tournés par Jacques Weber au Théâtre de l’Atelier entre juillet dernier et ce mois-ci. Atelier Vania sera diffusé sur France 5 en mai, puis Atelier Cyrano. Nicolas Auboyneau, le responsable de l’unité Théâtre et musique de France Télévisions, se félicite : «Le petit écran n’est plus un emmerdeur, il collabore avec le théâtre.» «La télé n’est pas un pis-aller. Elle n’empêchera pas les gens d’aller au théâtre», conclut Denis Podalydès.

www.lefigaro.fr

19 04/2021

Jacques Weber revisite Tchekhov | L’HUMANITÉ 19_04_21

lundi 19 avril 2021|Catégories: Spectacle Vivant|Mots-clés: |

Théâtre
Audrey Bonnet et François Morel, deux des 9 comédiens qui ont investi le théâtre de l’Atelier. © Delanne Monteiro/Magnéto Prod

Audrey Bonnet et François Morel, deux des 9 comédiens qui ont investi le théâtre de l’Atelier. © Delanne Monteiro/Magnéto Prod
Lundi 19 Avril 2021
Gérald Rossi

Avec Atelier Vania, film spécialement mis en scène par Jacques Weber, l’univers de Tchekhov résonne avec justesse dans un théâtre abandonné. À voir lundi 19 avril, à 21 h 5, sur Culturebox.

ATELIER VANIA

Quand, en 1880, Anton Tchekhov écrit Oncle Vania, il situe l’action à la campagne. Dans son adaptation, fidèle au texte original, précisons-le, Jacques Weber l’installe sur le plateau, dans les coulisses et même dans la salle du Théâtre de l’Atelier, à Paris. Un lieu, parmi tous les autres, où le public n’est plus admis pour cause de pandémie. Et ce n’est pas par hasard que ce projet est né là, sur les planches.

La fermeture des théâtres avait stoppé net les représentations de Crise de nerfs, trois farces de Tchekhov mises en scène par Peter Stein, avec Weber. « Je me suis retrouvé sur une scène nue dans un théâtre vide. J’ai senti la nécessité impérieuse d’y réinsuffler la vie, retrouver la sueur des représentations »,explique le comédien, qui a proposé à France Télévisions ce projet de films. Après Vania, viendront Atelier Misanthrope et Atelier Cyrano.

Un film de la pièce

Cet Atelier Vania n’est pas une captation de la pièce, mais un film de la pièce. Qui en conserve le tempo d’une lenteur assourdissante, et l’humeur aussi amusante que désespérée. Conservant à chaque réplique sa saveur. « Il fait beau aujourd’hui », constate platement une des protagonistes, « oui beau pour se pendre », réplique l’autre. « Pourquoi sommes-nous autant amis », s’interroge un peu plus tard Vania. « Parce que nous ne sommes pas originaux, et que nous sommes terriblement ennuyeux », rétorque Éléna. Reste que chez Tchekhov, si tout s’exprime, ce n’est pas forcément avec des mots, et quand les choses sont dites, c’est le plus souvent avec une maladresse qui brise les espoirs d’une autre vie, d’un autre amour possible… dans des nuits sans sommeil et des jours sans soleil.

Pour cette aventure originale et réussie, Jacques Weber (qui incarne le docteur Mikhaïl Astrov) s’est entouré de François Morel, Stéphane Caillard, François Marthouret, Christine Murillo, Audrey Bonnet, Catherine Ferran, Marc Lesage et de Bernard Larré. Qui tous œuvrent avec talent dans cet Atelier.

www.humanite.fr 

15 12/2020

À l’Atelier, Jacques Weber et François Morel font de la résistance | Le Figaro – 14_12_20

mardi 15 décembre 2020|Catégories: Spectacle Vivant|Mots-clés: |

Derrière les portes du théâtre, les comédiens tournent Cyrano. Ils s’interrompent ce soir pour exprimer sur la place Charles-Dullin leur colère devant la fermeture imposée.

Par Philibert Humm

Publié hier à 17 :32, mis à jour hier à 17:44

 

« Nous ne sommes pas des rebelles. Nous ne sommes pas des révolutionnaires. Nous ne sommes pas des agitateurs. Nous ne sommes pas fous, nous ne sommes pas inconscients. (…) Nous demandons juste à être traités avec respect, intelligence et discernement.»

 

Ainsi parle Marc Lesage, directeur du Théâtre de l’Atelier. Ce soir, à l’heure même où son théâtre aurait dû rouvrir ses portes, il sera sur le trottoir, place Charles-Dullin, en compagnie de Jacques Weber, François Morel, Audrey Bonnet et quelques autres.

 

Ni armes, ni haine, ni banderoles vindicatives, seulement l’impérieuse nécessité d’exprimer «leur dégoût et leur colère». Leur écœurement aussi de savoir les grandes surfaces bondées et les consommateurs «stimulés à coups de Black Friday» tandis que les strapontins des salles de spectacle prennent la poussière.

 

Nous demandons juste à être traités avec respect, intelligence et discernement

Marc Lesage, directeur du Théâtre de l’Atelier

 

Sur la façade de l’Atelier, l’affiche du dernier spectacle de Jacques Weber commence à gondoler. Trois Farces d’Anton Tchekhov montées par Peter Stein que l’acteur était censé reprendre aujourd’hui.

 

La pièce a été successivement suspendue, reportée, interrompue, programmée, déprogrammée au gré des annonces gouvernementales.

 

Weber, qui a passé l’âge de se raconter des histoires, sait que le spectacle est d’ores et déjà tué dans l’œuf. Ses farces ne reprendront sans doute jamais, sacrifiées sur l’autel de la pandémie. Alors il a fallu improviser. Et à ce jeu-là, le comédien n’est pas le dernier.

Un tournage en un claquement de doigts

Dans l’esprit de l’école des Buttes Chaumont qui portait autrefois le théâtre au petit écran, Weber s’est proposé de venir au spectateur qui ne pouvait venir à lui. Michel Field, le directeur des programmes culturels de France Télévisions n’a pas mis longtemps à marcher dans la combine. Marc Lesage non plus. Ainsi a-t-on tourné cet été Atelier Vania, une mise en scène originale de l’œuvre qui sera diffusée dans le courant du mois de janvier. Un confinement plus tard, au tour de Cyrano d’être mis sur le métier.

 «À la télévision, soit on tourne en trois ans, soit en un claquement de doigts», tranche Weber, qui a préféré en la circonstance claquer des doigts. Sous la houlette du réalisateur Serge Khalfon, trois caméras grand capteurs ont été mobilisées dans le Théâtre de l’Atelier. Il s’agit d’aller vite car les délais sont serrés: trois semaines de répétition pour six jours de tournage.

Vendredi se jouait la tirade des «Non merci»: «Vis-à-vis de soi-même en garder le mérite/ Bref, dédaignant d’être le lierre parasite/ Lors même qu’on n’est pas le chêne ou le tilleul/ Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul!»

Le rôle-titre revient à François Morel, sans faux nez ni costume. Sans décor non plus. Comme pour le Vania, les accessoires ont été réduits au minimum. Les comédiens jouent dans leurs vêtements de ville et les différents espaces du théâtre suffisent à planter les actes. Un fatras de fauteuils d’orchestre figure la bataille d’Arras et la scène du balcon se joue… au balcon.

Printemps prochain

« Au théâtre, dans les dernières répétitions, explique Jacques Weber, quand les acteurs sont encore en liberté, il se passe parfois des choses merveilleuses, très décontractées. Des instants de grâce auquel le public a rarement l’occasion d’assister. C’est cette essence-là que nous avons essayé de capter. Ce jeu nu, tel qu’on le retrouve chez Pialat, l’un de mes maîtres.» Quand les acteurs sont encore en liberté, il se passe parfois des choses merveilleuses, très décontractées. Des instants de grâce auquel le public a rarement l’occasion d’assister.

Jacques Weber

Les grands arias d’Edmond Rostand sont mis en majesté et certains morceaux musicalisés. Comme chaque fois qu’il en a l’occasion, Morel, accompagné au piano par son complice Antoine Sahler, fait entendre qu’il a du coffre. Audrey Bonnet en Roxane et Arnaud Charrin en Christian complètent la distribution. Trois semaines de montage suivront, quatre jours d’étalonnage et deux de mixage pour un résultat visible dès le printemps prochain.

En attendant, les tilleuls de la place Charles-Dullin ont fini de perdre leurs feuilles. Sans ses terrasses, sans son théâtre, sans ses spectateurs, l’endroit ne se ressemble plus. «Ce soir pourtant, promet Marc Lesage, nous ferons résonner l’art et la culture par la parole des artistes, avec dignité et responsabilité, pour combattre l’absurdité des mesures prises par ce gouvernement.» Les parisiens sont invités à les rejoindre, masqués comme de bien entendu. Depuis le premier jour, les théâtres se défendent d’avoir jamais compté parmi les foyers de contamination. Le Théâtre de l’Atelier serait plutôt un foyer de résistance. Une résistance qu’on aimerait plus contagieuse encore.

Ce 15 décembre à 18 h 30, rassemblement devant le Théâtre de l’Atelier, place Charles-Dullin à Paris (18e).

23 03/2020

Peter Stein revient à Tchekhov | La Terrasse | 21_02_20

lundi 23 mars 2020|Catégories: Spectacle Vivant|Mots-clés: |

 

Peter Stein revient à Tchekhov avec Le Chant du cygne, Les Méfaits du tabac, La Demande en mariage et le comédien Jacques Weber.

©Maria_Letizia_Piantoni

D’ANTON TCHEKHOV / MES PETER STEIN

Publié le 21 février 2020 – N° 285

Après une double échappée dans le théâtre de Molière par le biais du Tartuffe et du Misanthrope, le metteur en scène allemand Peter Stein revient à l’un de ses auteurs de prédilection : Anton Tchekhov. Il crée Le Chant du cygneLes Méfaits du tabac et La Demande en mariage, trois pièces en un acte interprétées par Jacques Weber, Marion Combe et Loïc Mobihan.

Pour ce nouveau spectacle, vous retrouvez Jacques Weber qui semble être devenu votre comédien français fétiche. Comment pourriez-vous caractériser la relation artistique qui vous unit l’un à l’autre ?

Peter Stein : C’est une relation de grand respect et de grande fidélité qui a commencé avec ma mise en scène du Prix Martin de Labiche, en 2013, à l’Odéon. Je crois que ce qui plaît à Jacques Weber, c’est que je suis un metteur en scène très traditionnel, un metteur en scène qui envisage le théâtre de façon artisanale. Ce qui implique notamment de centrer mon travail sur l’acteur et la force de jeu qu’il est capable de déployer sur scène. Je suis très fier et très ému qu’un artiste de son envergure me fasse ainsi confiance, de spectacle en spectacle, pour l’accompagner dans son chemin d’acteur. C’est un grand cadeau qu’il me fait.

Comme vous le dites, l’art de l’acteur se situe au cœur de votre univers de création. Que cherchez -vous à explorer et à atteindre avec les comédiens que vous dirigez ?

  1. : J’appartiens à une catégorie de metteurs en scène qui n’existent plus. J’entends par là des metteurs en scène dont la préoccupation essentielle est d’éclairer l’œuvre d’art dont ils s’emparent et non d’essayer de se mettre en avant. Ce sont les acteurs qui me permettent de vraiment comprendre les textes que je mets en scène. C’est grâce à eux, à leur talent, à la puissance de leur art, que je réussis à percevoir la vérité profonde des chefs-d’œuvre de la littérature dramatique. J’en serais, je crois, incapable tout seul, malgré les connaissances que je peux avoir sur les auteurs, sur la place qu’ils occupent dans l’histoire du théâtre, sur la philosophie de leurs œuvres… Toutes ces choses sont évidemment fondamentales, mais sans l’expérience concrète à laquelle les acteurs donnent naissance sur scène, il me serait difficile de saisir toute la complexité des grandes pièces du répertoire. Les comédiens sont comme mes yeux, comme mes oreilles, comme mon cerveau… Même si je sais que, comme moi, ils ne sont pas très intelligents ! Mais, ensemble, nous pouvons parvenir à révéler le cœur d’un texte : comme des nains qui grimperaient les uns sur les autres et parviendraient ainsi à une hauteur qu’ils auraient été incapables d’atteindre individuellement.

 

« CE SONT LES ACTEURS QUI ME PERMETTENT DE COMPRENDRE LES TEXTES QUE JE METS EN SCÈNE. »

Pourquoi vous plonger aujourd’hui dans Le Chant du cygneLes Méfaits du tabac et La Demande en mariage d’Anton Tchekhov ?   

  1. : L’œuvre d’Anton Tchekhov représente un peu mon théâtre de prédilection. A côté des pièces des auteurs grecs classiques, cette écriture est sans doute celle pour laquelle j’ai le plus de considération. Lorsque Jacques Weber m’a demandé avec quel texte nous pourrions poursuivre notre chemin commun, je lui ai proposé ces trois pièces qui sont comme des monologues.

 Qu’avez-vous mis à jour à leur propos en commençant à répéter avec vos comédiens ?

  1. : Nous avons découvert que Le Chant du cygne et Les Méfaits du tabacne sont pas des farces, seule La Demande en mariage en est une. Ces deux premières pièces présentent des personnages tragiques, des personnages plongés dans des crises existentielles extrêmement vives. C’est très émouvant de découvrir ainsi un angle de vision auquel on ne s’attendait pas. Cela change évidemment la façon dont on s’empare de ces textes : on ne les aborde pas comme des comédies, mais comme on le ferait de n’importe quelle grande pièce de Tchekhov.

Qu’est-ce qui, pour vous, fait la grandeur de cette écriture 

  1. : Tout d’abord sa simplicité. Et puis, c’est l’écriture d’un pionnier, une écriture qui a permis, grâce à de nombreuses innovations, au théâtre européen du XXème siècle de naître. Enfin, Tchekhov est un auteur absolument sincère, un auteur à la recherche de la vérité personnelle des personnages qui peuplent ses pièces. Ceci, en faisant preuve à leur égard d’un grand amour, mais aussi d’une grande cruauté. C’est sans doute ce qui permet à ces personnages d’être, comme ils le sont, profondément vivants.

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat

18 10/2019

LA PROMESSE DE L’AUBE | STEPHANE FREISS | LE FIGARO

vendredi 18 octobre 2019|Catégories: Spectacle Vivant|Mots-clés: |

Romain Gary au coin du feu au Théâtre de l’Atelier

30 05/2019

Mademoiselle Julie | Le Figaro 29 -05-19

jeudi 30 mai 2019|Catégories: Spectacle Vivant|Mots-clés: |

Anna Mouglalis, la violence de Mademoiselle Julie

Xavier Legrand et Anna Mouglalis dans 
Mademoiselle Julie.

MORCEAU CHOISI – Face à Xavier Legrand, exceptionnel, et Julie Brochen, qui signe la mise en scène et joue Christine, elle est fascinante.

Le décor est à vue. Simple. Sur le plateau de l’Atelier, on distingue au lointain un passage. Un escalier derrière un voilage, les échos de la fête. La vie qui va, en cris, musique, piétinements de la danse, éclats de rire. Mais tout se jouera dans la cuisine, dans la chaleur d’une nuit de Saint-Jean.

Mademoiselle Julie a dansé avec les employés, les paysans. Son père est en déplacement, il ne rentrera qu’à l’aube. Sa mère est depuis longtemps morte. Mademoiselle Julie n’est plus une adolescente. Elle a 24 ans. Elle est une jeune femme en crise. Un être qui a mal grandi, déchirée qu’elle a été par les injonctions contradictoires de sa mère. Un grand caractère, cette figure dessinée en creux. Mais une épouse très perturbée, rêvant d’indépendance, élevant sa fille comme un garçon.

Les malheurs s’héritent parfois. La mélancolie aussi. Julie va mal. Julie est impressionnante tant son désespoir est profond. Tant elle peut apparaître odieuse, méprisante, perverse dans son jeu avec Kristin, la cuisinière, et le fiancé de celle-ci, Jean, serviteur du comte. La pièce a été écrite par August Strindberg en 1888. Dans la remarquable traduction de Terje Sinding, elle frappe par sa violence, sa crudité, la tension permanente, la cruauté de ce qui se dit, par-delà l’attirance sexuelle d’une jeune aristocrate pour un valet. Et par-delà les souvenirs enchantés de ce dernier. Strindberg, qui parlait de sa pièce comme d’une «tragédie naturaliste», lui donne une densité de pierre. Il se dit tant en l’espace d’une heure vingt… Il connaît la complexité des âmes.

Les chansons de Gribouille

Jean est un homme intelligent, cultivé, entreprenant. En rien un rustre. Julie Brochen, qui signe la mise en scène à la demande d’Anna Mouglalis et Xavier Legrand, impose la présence silencieuse, douloureuse, de Kristin. Elle est très humaine et fière, elle aussi. Car dans cette nuit de pensées, de sentiments, de gestes paroxystiques, d’humeurs toxiques, la fierté blessée, pour Jean, la fierté aveuglée pour Julie, est comme le feu d’une ordalie païenne. Jamais on n’aura si bien entendu ce que dit Strindberg, et qui dérange, et qui bouscule, et qui heurte, et qui blesse, que dans cette production.

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Xavier Legrand est un comédien exceptionnel. Le cinéaste de Jusqu’à la garde , passé par le Conservatoire, comme Anna Mouglalis, est d’une finesse étourdissante. Tout est juste, acéré, déchirant. Face à lui, Anna Mouglalis, si belle, à la voix si envoûtante, silhouette déliée dans les costumes harmonieux de Lorenzo Albani, passe par toutes les nuances qu’exige Strindberg. De l’abandon d’une petite fille à la fureur d’une Gorgone. Elle communique à la salle un vertige troublant. Julie Brochen montre tout. La mort, le sang. Curieusement, elle ponctue les mouvements de la pièce de chansons de Gribouille. Qui se souvenait qu’elle célébrait Julie, l’androgyne à voix grave?

«Mademoiselle Julie», Théâtre de l’Atelier (Paris XVIIIe), à 19 heures du mardi au samedi, 15 heures le dimanche. Durée: 1 h 20. Jusqu’au 30 juin. Tél. : 01 46 06 49 24.

 

20 04/2017

Weber et Morel rejouent le débat Mitterrand-Chirac: « En 1988, c’était sauvage » | L’Obs

jeudi 20 avril 2017|Catégories: Spectacle Vivant|Mots-clés: , |

Entre les deux tours de la présidentielle, Jacques Weber et François Morel vont jouer le dernier grand débat télévisé entre François Mitterrand et Jacques Chirac. Ils nous disent pourquoi, et ce qu’ils pensent de l’élection qui vient.

Entre le premier et le second tour de l’élection présidentielle, le Théâtre de l’Atelier à Paris propose cinq représentations exceptionnelles de « Débat 1988, Mitterrand-Chirac ». Avec Jacques Weber et François Morel. Deux vieux routiers du spectacle en qui vont se réincarner, pour quelques jours, deux vieux briscards de la ­politique.

Le débat Chirac/Mitterrand, à la veille du second tour de la présidentielle de 1988,
animé par Michèle Cotta et Elie Vannier. (Barthelemy/Sipa)

En septembre dernier, Weber a publiquement apporté son soutien à Jean-Luc ­Mélenchon. Il a maintenant l’air de ne plus savoir sur quel pied danser. Morel, lui, tout en se déclarant de gauche, semble n’être fanatique de personne. Ecoutons-les débattre avant le débat.

Source : L’Obs