Théâtre de l’oeuvre

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11 05/2016

Weber–Beckett–Stein : trois maîtres réunis au théâtre de l’Œuvre à Paris | France info

mercredi 11 mai 2016|Catégories: Spectacle Vivant|Mots-clés: |

Jacques Weber joue La Dernière bande de Samuel Beckett dans une mise en scène de l’Allemand Peter Stein.

 © Dunnara Meas

Source : Weber–Beckett–Stein : trois maîtres réunis au théâtre de l’Œuvre à Paris | France info

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écouter l’émission disponible jusqu’au 27/01/2019

Jacques Weber joue La Dernière bande de Samuel Beckett dans une mise en scène de l’Allemand Peter Stein.Dans cette pièce pour un seul acteur, Jacques Weber joue Krapp, un vieil homme, qui chaque année le jour de son anniversaire enregistre sur une bande magnétique ses réflexions et un compte rendu détaillé de ses actes. Ces bandes, il les range précieusement dans des boites pour les réécouter plus tard. Au soir de sa vie, il choisit celle enregistrée trente ans auparavant dans laquelle il évoque une histoire d’amour qui a pris fin. « Ce qui m’a beaucoup touché, c’est que cet homme s’accroche éperdument à une toute petite histoire d’amour qui est la plus grande histoire qu’il ait vécu » explique Jacques Weber qui a découvert le texte de Beckett grâce au metteur en scène allemand Peter Stein.

Un extraordinaire numéro d’acteur

Jacques Weber est ici méconnaissable : plié en deux, cheveux hirsutes et nez rouge de clown. Pendant les dix premières minutes de la pièce, sans prononcer un mot, il parvient à captiver les spectateurs par son seul regard ou par ses gestes d’une précision millimétrique.

Jacques Weber joue Krapp

Jacques Weber joue Krapp © Dunnara

Jacques Weber s’empare de cette pièce sur le déclin d’un homme et sur les échecs d’une vie, qui mêle humour et désespoir. Le comédien confie que ce rôle de Krapp sous la direction de Peter Stein l’a profondément changé. « Dans ce travail avec Peter Stein, il y a pour moi une source évidente de gros progrès. Je ne suis pas le même acteur aujourd’hui qu’avant La dernière bande, j’en suis sûr », affirme Jacques Weber.

2 05/2016

Du très grand Weber pour le grand Beckett au Théâtre de l’Oeuvre | Toutelaculture

lundi 2 mai 2016|Catégories: Spectacle Vivant|Mots-clés: |

Copyright: Dunnara meas

2 mai 2016 Par David Rofé-Sarfati

La Dernière Bande est un texte de théâtre de Samuel Beckett. La pièce a été représentée pour la première fois en France en 1960. Samuel Beckett l’avait traduite lui-même en français. Pièce exigeante du prix Nobel de Littérature, Weber s’en empare au Théâtre de l’œuvre.

Note de la rédaction : ★★★★

Vous est-il déjà arrivé de ne pas immédiatement vous reconnaître lorsque passant devant un miroir de façon fugace vous vous êtes retrouvés confrontés à votre reflet. Cette expérience a certainement mêlé et de l’étrange et du familier et a été source de révélations, pas toujours très agréables. Le temps qui passe. Le personnage de « La dernière bande », Krapp, voulu peut être se protéger par anticipation de cette mauvaise rencontre spéculaire et a décidé d’enregistrer chaque année, le jour de son anniversaire le compte-rendu détaillé de ses états d’âmes et événements durant l’année écoulée.
Vieux et fatigué devant son magnétophone à bandes il va durant une heure faire succéder les anciens enregistrements. Nous découvrons par touches allusives la mort de sa mère à l’hôpital, ses amours, la bonne Bianca et la femme du Lac Supérieur. Il se raconte ainsi par le truchement d’enregistrements sonores. Il explique. Il a voulu (du?) renoncer à une vie sexuelle absorbante pour se consacrer à l’écriture.
La pièce commence, Jacques Weber cheveux ébouriffés, chaussures étranges (un 48 de clown?), nez rouge dodu (de l’alcoolique ou du clown?), respiration asthmatique est assis au milieu de boites de bandes; il trône avachi au milieu de sa vie. Il parcourra de façon désordonnée ou choisie(?) les événements importants de sa vie. Et il va enregistrer ce qui sera probablement sa dernière bande
La force du texte vient de cette auto-confrontation où l’horloge par la magie de la technique s’est substituée au miroir. Le temps devient ce tiers qui commande la pièce. Les bobines sont numérotées, rangées dans des boites elle-même numérotées. Le choix de ne procéder que par allusions finit d’homologuer le temps comme le maitre de l’instant. Krapp semble voler au temps qui passe quelques bribes de sa vie, s’autorisant comme il peu, osant à peine. La force du texte procède aussi de sa poésie. La mise en scène épurée ficelle le tout de façon redoutable.

Extraits : je lui ai demandé de me regarder et après quelques instants Elle l’a fait mais les yeux comme des fentes à cause du soleil. Je me suis penché sur elle pour qu’ils soient dans l’ombre et ils se sont ouverts…Viens écouter e pauvre petit crétin pour qui je me prenais il y a trente ans. Sois de nouveau sois de nouveau… quand il y avait encore une chance de bonheur.

D’un grand texte seul un grand comédien peut restituer l’esprit. Jacques Weber dépasse cette proposition car il ne restitue pas seulement, il saisit, il ne joue pas la comédie, il est Krapp. D’où parle Jacques Weber si ce n’est de son corps même. Au moment des applaudissements, nourris, nous souhaitons que vite il quitte la carcasse et le désespoir suffocant du vieux Krapp, tant il a su lui coller à la peau.

mise en scène Peter Stein

avec Jacques Weber

assistante à la mise en scène Nikolitsa Angelakopoulou
décor Ferdinand Wögerbauer
costumes Annamaria Heinreich
maquillage et perruque Cécile Kretschmar

Source : toutelaculture.com

26 04/2016

Jacques Weber, pour « La Dernière Bande » de Samuel Beckett

mardi 26 avril 2016|Catégories: Spectacle Vivant|Mots-clés: |

Du 19 avril au 30 juin au Théâtre de l’œuvre

 

Source : Jacques Weber, pour « La Dernière Bande » de Samuel Beckett

25 04/2016

Jacques Weber, pitre tragique de Beckett

lundi 25 avril 2016|Catégories: Spectacle Vivant|Mots-clés: |

 

 

 

 

 

Copyright Dunnara Meas

À l’Œuvre, le grand Peter Stein dirige le comédien dans La Dernière Bande, partition très précise aux couleurs de clownerie.

Source : Jacques Weber, pitre tragique de Beckett

À l’Œuvre, le grand Peter Stein dirige le comédien dans La Dernière Bande, partition très précise aux couleurs de clownerie.

Il est déjà sur le plateau lorsque le public pénètre dans la salle du Théâtre de l’Œuvre. Un homme assis derrière un petit bureau, tête affalée sur le plateau, crinière blanche hirsute, au milieu d’un enchevêtrement bizarre de boîtes, de câbles peut-être. Il est déjà là, comme un personnage depuis bien longtemps abandonné à lui-même, seul, accroché à ce radeau sur lequel est posé le magnétophone qui est son seul partenaire. Dans une posture d’endormissement, d’accablement peut-être, de renoncement.

Mais bientôt, l’homme à l’allure volontairement clownesque dans cette version de La Dernière Bande va se lever. Ouvrir l’un des tiroirs du petit meuble, en extraire une banane, la manger. Puis une autre encore…

Qui connaît le théâtre de Beckett connaît par cœur ces quelques pages, connaît par cœur cette fascinante partition composée au soupir près. C’est en anglais, en 1958, que l’écrivit d’abord l’auteur d’Oh les beaux jours. Il le traduisit un an plus tard en français avec l’aide de Pierre Leyris. Travail souvent pratiqué par le futur Prix Nobel de Littérature, avec cette obsession du «moins», moins de mots possible, qui donne des œuvres auxquelles il faut obéir absolument.

Le fond est déchirant. Le ton est à l’ironie corrosive chère à Samuel Beckett

Le titre original de ce «monodrame» de Samuel Beckett est Krapp’s Last Tape. Il y a dans la structure et la sonorité du titre quelque chose qui renvoie à l’une des plus belles images de la pièce: «Nous dérivions parmi les roseaux et la barque s’est coincée.» Et les deux personnages, elle, lui, sont alors littéralement bercés. Mais ce temps est révolu. Écrivain sans œuvre, vieux pitre au nez violacé, Krapp ne dialogue plus qu’avec lui-même. Il a instauré ce rituel: le jour de son anniversaire, il écoute une bande enregistrée des années auparavant.

Réveil d’un certain bonheur fugace, retour lancinant, douloureux, d’un moment de rupture. Cristallisation d’un échec. D’une incapacité à écrire, à aimer, à vivre. L’Allemand Peter Stein, un des plus grands metteurs en scène d’Europe, avait déjà dirigé Jacques Weber, dans un Labiche monté à l’Odéon. Le grand Jacques y était magistral. Ils se retrouvent dans cet exercice intime qui exige de l’interprète qu’il aille puiser profondément en lui matière à désenchantement de soi. Le fond est déchirant. Le ton est à l’ironie corrosive chère à Samuel Beckett. Stein ne craint pas la clownerie (les bananes), voire le grotesque. C’est l’essence même de Krapp. Haute silhouette et voix douce de Weber, subtilité de cette grande carcasse. Du grand art.

Théâtre de l’Œuvre (Paris IXe), jusqu’au 30 juin. Du mardi au samedi à 21 heures, le dimanche à 15 heures. Durée: 1 heure. Programme très documenté (10 €). Tél.:  01 44 53 88 88. www.theatredeloeuvre.fr

20 04/2016

La dernière bande – Théâtre / Entretien | Journal La Terrasse

mercredi 20 avril 2016|Catégories: Spectacle Vivant|Mots-clés: , |

Après Le Prix Martin d’Eugène Labiche créé il y a trois ans au Théâtre national de l’Odéon, Peter Stein retrouve Jacques Weber dans un tout autre registre. L’ancien directeur de la Schaubühne à Berlin (de 1970 à 1985), aujourd’hui installé en Italie, met en scène le comédien dans La dernière bande, de Samuel Beckett, au Théâtre de l’Œuvre. Un monologue au sein duquel un vieil homme enregistre, chaque année, le jour de son anniversaire, un compte-rendu de l’année qui vient de s’écouler. Et réécoute l’un des enregistrements du passé… 

Peter Stein. Crédit : T. Depagne

Peter Stein. Crédit : T. Depagne

Source : La dernière bande – Théâtre / Entretien – Journal La Terrasse

 

Entretien / Peter Stein
Théâtre de l’Œuvre / de Samuel Beckett / mes Peter Stein

La dernière bande

Publié le 15 avril 2016 – N° 242

La dernière bande est le premier texte de Samuel Beckett que vous mettez en scène. Pourquoi vous êtes-vous si longtemps tenu à distance de cette écriture ?

Peter Stein : Sans doute parce que j’ai toujours travaillé avec des compagnies nombreuses. Or chez Beckett, il n’y a jamais plus de quelques personnages… Quand on met en scène des spectacles à la Schaubühne, comme ça été mon cas durant quinze ans, on doit choisir des textes qui permettent d’employer un maximum d’acteurs de la troupe.

Mais c’est un théâtre qui, malgré cela, vous intéressait… 

PS. : Absolument. J’ai d’ailleurs vu la première mise en scène de La dernière bande en allemand, à Francfort. Ce n’était pas dans un grand théâtre, mais dans une petite salle, avec un acteur de boulevard très connu.

Quelles sont les choses qui vous intéressent le plus dans cette écriture ?

PS. : La radicalité de la forme. Le langage réduit au strict nécessaire. Une forme d’insolence et d’ironie. Une façon de concentrer la dramaturgie sur l’essentiel…

Quel regard portez-vous sur les indications scéniques très précises, très dirigistes de Samuel Beckett ?

PS. : A travers ses indications, Beckett donne aux metteurs en scène – plus que des aides – de véritables commandes, afin que les représentations de ses pièces correspondent exactement à ce qu’il voulait. Ces indications sont primordiales : il faut les suivre à la lettre. Car dans le cas contraire, on prend le risque de détruire la structure très fragile de ses pièces.

Au-delà de la forme, que vous inspirent les thématiques qui traversent ses textes : le rapport au monde, à l’existence…

PS. : Ce que je trouve passionnant chez Beckett – et c’est principalement le cas dans des pièces comme La dernière bande et Oh les beaux jours – c’est l’observation, la description du déclin. Un déclin qui commence, comme le dit Sophocle, le jour même de notre naissance. C’est quelque chose qui nous concerne tous. Chaque jour, chacun d’entre nous fait un pas de plus sur le chemin de son propre déclin. C’est un processus inéluctable, sans solution…

« Les personnages de Beckett, dans des situations de désastre, de déclin, continuent toujours d’aller de l’avant : ils restent drôles, font preuve d’une immense force vitale. »

Considérez-vous le théâtre de Beckett comme un théâtre pessimiste ?

PS. : Pessimiste, sans doute, mais en aucun cas triste, ou déprimant. Car ce théâtre, comme les tragédies grecques d’ailleurs, nous donne conscience de la dimension héroïque de l’existence humaine. Les personnages de Beckett, dans des situations de désastre, de déclin, continuent toujours d’aller de l’avant : ils restent drôles, font preuve d’une immense force vitale.

Pour interpréter La dernière bande, vous avez pensé au comédien Jacques Weber. Qu’est-ce qui a motivé ce choix ? 

PS. : Jacques Weber possède l’intelligence et l’humour nécessaires pour ce monologue. D’abord, c’est un comédien extrêmement doué pour les situations comiques. D’un autre côté, il a un rapport intime, intuitif, avec les mots, avec la langue. Cette double dimension m’a paru convenir parfaitement aux aspects à la fois comiques et profonds de la pièce de Beckett. Je suis très heureux qu’il ait eu le courage de se plonger dans le rôle de Krapp.

Car il faut du courage pour accepter ce rôle…

PS. : Oui. Le comédien qui joue La dernière bande doit s’identifier totalement à l’écrivain raté que représente Krapp. Sinon, cela peut devenir très ennuyeux. Et pour cela, j’ai demandé à Jacques Weber d’aller chercher au fond de lui-même ce qui peut correspondre, au sein de sa propre vie, à l’échec auquel fait face le personnage de Beckett. Il a dû ainsi effectuer un travail de lucidité et d’honnêteté par rapport aux erreurs, aux déceptions, aux échecs qui ont pu marquer son existence. Pour se lancer dans cette recherche-là, non pas de façon superficielle, anecdotique, mais réellement profonde, il faut, je crois, faire preuve de beaucoup de courage.

 

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat

18 04/2016

Peter Stein : il pense par et avec le théâtre | Une saison au Théâtre

lundi 18 avril 2016|Catégories: Spectacle Vivant|Mots-clés: , , |

Nous recevons un immense metteur en scène de théâtre et d’opéras dont le nom, pour certains, évoque la figure d’un bâtisseur. Peter Stein a été Directeur de la Schaubühne à Berlin de 1970 à 1987.

Source : Franceculture.fr

Peter Stein a désormais quitté l’Allemagne pour l’Italie où, pas très loin de sa maison, il a fait construire une salle de répétition aussi grande, dit-on, que la prestigieuse institution berlinoise.

Son tempérament, il faut dire, le porte au devant des défis. Comme, par exemple lorsqu’il monte l’intégrale du Faust de Goethe, soit près de 23 heures de représentation. Sur la liste des auteurs qu’il a créés, on note Tchekhov, Schiller, Sophocle, Eschyle. Et puis Brecht, aussi, bien sûr, aux tous débuts. En effet, comment passer à côté de Brecht lorsqu’on est metteur en scène et né en Allemagne en 1937.

Rencontre avec un artiste entier qui s’attaque aujourd’hui à Samuel Beckett (il crée « La dernière bande » au théâtre de l’Oeuvre) et qui déclare que sa « religion c’est l’art ».

Affiche
Affiche Crédits : théâtre de l’oeuvre

Chaque année, le jour de son anniversaire, Krapp enregistre un compte rendu détaillé de son état et de ses agissements durant l’année écoulée. Chaque fois, il écoute l’une ou l’autre des bandes enregistrées des dizaines d’années auparavant, et il la commente. C’est dans cet éternel retour à son passé que réside maintenant sa seule lumière. Krapp, qui jadis déclarait ne plus rien vouloir de ce qu’il avait vécu, ne peut aujourd’hui exister que s’il parvient à être de nouveau ce qu’il fut : “Sois de nouveau, sois de nouveau. ” Il lui faut surtout être encore celui qui, “ quand il y avait encore une chance de bonheur ”, a vécu un instant d’amour. »

Extrait de La dernière bande de Samuel Beckett, publié aux Éditions de Minuit

Intervenants

  • Peter Stein : Metteur en scène, réalisateur, scénariste, acteur
  • Laurent Stocker : comédien sociétaire de la Comédie-Française